Les deux Maîtres de Venise

Musée Jacquemard André

du 14 septembre 2012 au 14 Janvier 2013

Pour la première fois en France, un Musée présente une exposition consacrée à la « Veduta » mouvement de peinture italien dont le sujet principal se trouve être les vues de Venise.



Une soixantaine d'œuvres exceptionnelles sont ici exposées, venant pour la plupart de musées étrangers, mais il est à signaler que l'un d'eux vient du Musée de Grenoble.
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Le mouvement de la Veduta est né à l'aube du XVIIIème siècle. Ce genre artistique a été avant tout collectionné par les cours royales et les collectionneurs fortunés italiens, anglais, prussiens, et autrichiens.



Canaleto en est le maître incontesté. Plus de vingt cinq de ses œuvres sont ici représentées. Paolo Pannini, son professeur à ses débuts à Rome, védutiste lui-même, lui a donné le goût des paysages urbains, qu'il n'aura de cesse de peindre, lors de son retour dans sa ville natale, Venise.



Ses tableaux sont caractérisés par une étude très précise de la lumière, créant une certaine atmosphère (les ciels, les mers), et par une recherche de la perspective, pour la première fois l'impression de profondeur apparaît en peinture. De plus il a peint très souvent sur les lieux mêmes de ce qu'il représente, et peu en atelier. Il a connu un grand succès auprès des amateurs de peinture anglais. C'est ainsi que plusieurs tableaux exposés ont été gracieusement prêtés par la Reine d'Angleterre elle-même.




D'autres peintres l'ont suivi, comme Gaspar van Wittel, Luca Carlevarijs, Michele Bellotto … et un autre grand de ce mouvement, Francesco Guardi, qui s'impose comme le dernier maître des vues de Venise.



La place St Marc, et d'autres petites places, les églises, les canaux, les vues de la Lagune, …. nous font revivre les scènes d'époque : gens aisés (comme les fêtes organisés par les élus de la ville), petites gens (une femme qui lave son linge dans une fontaine, le commerce des petits bateaux sur les canaux …), trafic fluvial, etc....

Tout est dans les détails précis de l'architecture, des personnages et de leurs habits, des animaux, des scènes de la vie de tous les jours…

Des grands tableaux du début, on passe à des œuvres beaucoup plus petites en taille mais toujours aussi précises dans les détails, et très recherchées à l'époque par les amateurs collectionneurs.



Guardi, par rapport à Canaletto, a été moins dans la rationalité, plus dans les couleurs chaudes et vibrantes. Il a exalté la beauté de Venise et « a dévoilé l'atmosphère d'une Venise fragile et décadente ».
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J'ai personnellement un faible, voire une véritable fascination pour les œuvres de taille petite de Francesco Guardi. Je suis très admirative de la finesse de son art dans la représentation de ses personnages, de leurs habits aux couleurs vives, de leurs attitudes qui semblent familières, des ciels superbes où les nuages semblent en mouvement, des sculptures si réalistes et suggestives, qu'elles semblent en relief......

Cela a été un véritable plaisir que de découvrir, au fil des salles, ses œuvres, sans connaître un seul instant la moindre lassitude..... J'avoue avoir été moins sensible à la vue des grands tableaux et à la dernière partie de l'exposition qui est consacrée aux « Caprices ».

Si vous aimez le genre « védutiste », essayez de vous trouver un créneau si possible dans une heure la plus creuse possible, pour pouvoir avoir accès aux tableaux, compte tenu de l'exiguïté des lieux, et allez au Musée Jacquemard André pour admirer cette très belle exposition, avant le 14 janvier 2013, date de sa fin.