Musée de Grenoble, du 30 octobre 2010 au 23 janvier 2011

Dernières visites guidées samedis 15 et 22 janvier et dimanches 17 et 23 janvier 2010 !

C'est la première fois qu'une grande exposition est consacrée en France à l'artiste allemand Stephan Balkenhol, bien que ce dernier vive dans notre pays depuis maintenant 15 ans.

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Dés ses premières réalisations, Stephan Balkenhol a donné une place prépondérante à la figure humaine. Représentés en pied ou simplement la tête, seuls ou en groupe, dans des positions souvent hiératiques, hommes et femmes composent l'univers de l'artiste. Tous longilignes, les hommes sont souvent en chemise blanche et pantalon noir, les femmes en robe courte et droite, unie, symbolisant l'archétype de la société occidentale de la fin du XXème siècle. L'artiste peint ses personnages, clin d'œil à l'art médiéval et aux statuts polychromes, tout en laissant toujours la couleur du bois brut pour la chair. Il taille ses personnages au maillet et au ciseau, directement dans des troncs d'arbres, sans chercher à gommer les traces des outils, ni l'aspect du bois , laissant à nu les nœuds, les aspérités, les fissures, témoignant la volonté de laisser visibles les traces du travail sur la matière, à la manière d'un artisan.

Il donne à ses personnages différentes tailles, le plus souvent bien plus petits que la réalité, ou beaucoup plus grands. Il se joue de l'échelle des grandeurs. Ces hommes et ces femmes n'ont pas d'expression sur le visage, ils sont simplement vêtus, sans connotation sociale, ils représentent tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Taille directe et couleurs vives font penser à l'expressionnisme, la polychromie à l'art médiéval, jolies filiations !

Pour Stephan Balkenhol, la personnalité de ses personnages ressort d'autant que leurs visages sont figé, impassibles. C'est à ceux qui les regardent à leur donner vie, à s'y projeter. Parfois nous les regardons, parfois c'est eux qui nous regardent.

Dans les années 90, son répertoire s'est élargi aux animaux. L'exposition nous en donne de beaux exemples. Celui que j'ai préféré est la salle aux pingouins, 57, tous de petites tailles et dans des positions différentes, sur de grands socles individualisés, ce qui donne l'impression de voir une banquise, où se meuvent ces mêmes pingouins. Il est amusant de circuler parmi eux, comme si nous nous intégrions au spectacle offert …. Stephan Balkenhol est allé plus loin avec les créatures hybrides, l'animal devenant l'alter ego de l'homme, voire son double. C'est d'un effet curieux et troublant.

Cela renvoie à des questions régulièrement posées aussi bien dans l'art pictural (comme dans certaines peintures médiévales), que dans les écrits (cf les contes pour enfants), à savoir où se situe la frontière entre l'animal et l'homme......

J'ai aimé m'égarer dans ce monde bien particulier créé par Stephan Balkenhol, monde qui nous renvoie au nôtre, tout en nous entrainant dans un autre, un monde presque éthéré, irréel, sans passion, stylisé, lointain, paisible.

Circuler parmi les personnages de Stephan Balkenhol, telle qu'est conçue l'exposition, c'est devenir un peu soi-même l'un d'eux ! L'on est voyeur et vu.

Pour terminer, dans le fond du grand hall, apparaît la silhouette géante et écrasée d'Icare qui avait voulu voler près du soleil, mais dons les ailes ont fondu à la chaleur de ce même soleil, c'est spectaculaire et magnifique à voir, le noir de la matière ressortant dans un monde uniformément blanc.

Quelques dessins aux traits heurtés, rappellent le tailleur de bois qui sommeille dans l'artiste. Des gravures sur bois, dont la belle cathédrale de Bruxelles, complètent l'exposition, ainsi que quelques peintures abstraites que ses personnages semblent ou voir ou refuser de voir en leur tournant le dos, art que lui même a rejeté à une certaine époque …

L'exposition Stephan Balkenhol est donnée au Musée de Grenoble jusqu'au 23 janvier 2011, le musée est ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 18h30.

Ces hommes et ces femmes d'aujourd'hui, sculptés en ronde bosse ou en bas-relief sur bois, sont des anonymes, des êtres énigmatiques mais non dénués d'humour. Ils portent des vêtements passe-partout: chemises blanches, pantalons banals, robes sans chichis. L'anecdote est éliminée, laissant le champ libre aux projections du spectateur.

Mes sculptures ne racontent pas d'histoire, souligne Balkenhol. Elles ont leur secret. Ce n'est pas à moi de le dévoiler, je laisse au spectateur le soin de le découvrir.

Site de l'exposition