Musée de Grenoble

du 9 novembre 2013 au 2 février 2014.

Sigmar Polke, né en Silésie, maintenant polonaise, a fui en 1953 avec sa famille, de l'Est, pour se réfugier en Allemagne de l'Ouest. Il a fréquenté musées et galeries, a travaillé chez un fabricant de vitraux, avant d'intégrer la Düsseldorf Kunstakademie.
Avec son ami Richter, il a lancé un courant appelé « le réalisme socialiste », qui se veut être une réponse au Pop Art américain.
Mais contrairement à Richter, il a par la suite préféré privilégier une approche plus intuitive de la peinture, « où la recherche plastique et l'humour ont eu toute leur place ».
Polke_2.jpg « Tout en s'inscrivant dans les grands courants de la création artistique de son époque, Sigmar Polke a profondément renouvelé le langage pictural de la fin du XXème siècle ».
Le monde visuel de Sigmar Polke est traversé d'une multitude bigarrée d’événements, de rencontres. Il est peintre des mélanges et des métamorphoses. Rien ne reste à sa place, ni les matières, ni les sujets, ni les supports.
Il bouscule la dichotomie abstraction/figuration. L'abstraction lui permet de lutter contre l'omniprésence de l'image, et l'image lui sert à casser les côtés métaphysiques de l'abstraction. Il peint les points de trame un à un, cherche « l'accident » dans l'élaboration de ses tableaux, qui rendra ses tableaux uniques. Il aime bousculer les genres, mélanger les époques, comme le Moyen-Âge ou la Révolution Française, traité dans un mode actuel qui brouille les pistes et les acquis, télescopant présent et passé. Il aime utiliser des supports traités, pour y rajouter sa note personnelle, les détourner (comme des papiers peints, des tissus avec des dessins), , les abîmer, les transformer,. Aux peintures traditionnelles, laques, pigments purs, il aime rajouter des matières à base d'aluminium, de fer, de potassium, d'argent, de zinc … de cire, de laque … matières qui peuvent s'entrechoquer, se corrompre, voire intoxiquer ! Recherche sur les matières, mais aussi sur les couleurs à créer à partir d'elles.
Il y a un brin de provocation dans ses choix, qu'il assume et porte haut, en opposition à l'idéologie dominante qui tend vers le soft, l’inoffensif, le préventif (comme l'interdiction de l'usage d'une certaine couleur verte considérée comme toxique).
Polke_3.jpg Certains tableaux sont si délirants dans leur conception, qu'on ne peut qu'imaginer aisément que Sigmar Polke n'a pu les concevoir que sous l'emprise de certaines substances illicites ….
Dès le début de l'exposition, dans la première salle, une série de photographies faites en Australie « les Olgas », nous est montrée face à une immense figure aux yeux fermés, avec une paire de ciseaux dans sa composition, comme si les photos devaient être censurées ou non vues, du fait de leur suggestibilité ! Un brin provocateur !

L'exposition du Musée présente de façon chronologique près de 70 tableaux et une cinquantaine d’œuvres sur papier, sur une période allant des années 80 à sa disparition, en 2010, prenant en compte la profonde évolution qui se produit dans sa peinture.
Accessible comme sa « Marine », provocante comme son « Homme noir », ludique comme ses esquisses, cauchemardesque comme sa « Perruque », enfantine comme sa « lanterne magique », ésotérique comme son « Paysage magnétique », délirantes comme « Quelque part tout en haut », « Lapis-Lazulis », « Jeux d'enfants », à caractère historique comme « A Versailles, à Versailles », « La famille royale », « Mirador », « Art dégénéré », se jouant ou inversant des perspectives comme « Auto-jeep », les œuvres très variées de Sigmar Polke sont là pour nous montrer que l'Art est complexe et ne peut se construire que sur ce que l'artiste souhaite concevoir , et sur ce que le visiteur veut ou peut percevoir.

Catalogue, visites guidées, conférences, ateliers du mercredi, musée en musique entourent cette exposition.
Le Musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h30, fermé le mardi.