Le Magasin Grenoble

du 8 février au 4 mai 2014

Le Magasin nous propose, après Berne, une rétrospective du travail de l'artiste américaine Ericka Beckman : une sélection de vidéos, photos et dessins qui nous font entrer dans l'univers onirique de l'artiste.
Après des études effectuées à New York, Ericka Beckman part compléter son enseignement à Cal Art en 1975. Elle y rencontre Mike Kelley, suit les cours de Vito Acconci, découvre les performances de Guy de Cointet et s’y forge une riche expérience qu’elle met en pratique de retour à New York.
Ericka_Beckman_1.jpg À l’aide de caméras 16 mm et super 8, elle tourne des films dans son atelier plongé dans l’obscurité et transformé en véritable plateau de tournage.
Y participent de nombreux figurants tels que Mike Kelley, Ashley Bickerton, Matt Mullican, Steven Parrino ou encore Paul McMahon.
À la fois influencée par la performance alors en vogue, la musique expérimentale et la psychologie du développement de Jean Piaget, Ericka Beckman a décidé de se servir du cinéma afin d’illustrer dans quelle mesure la gestuelle devient mémoire et ainsi, la base de la codification de l’identité.
Le format cinéma s’impose à elle en tant qu’il retransmet fidèlement la présence de la performance, à taille humaine. « We Imitate : We Brake Up » (1978), « The Brocken Rule » (1979) ou « You The Better » (1983) témoignent de l’intérêt qu’elle porte aux sports de compétition, aux jeux vidéo, de société, et au passage de l’enfance à l’âge adulte.
Ericka_Beckman_2.jpg L’univers du conte et les différents niveaux d’apprentissage se retrouvent dans « Cinderella » (1986) et dans « Blind Country » (1989), lequel écrit et interprété par Mike Kelley, peut rétrospectivement se comprendre comme un prélude à ses Educational Complex (1995).
Si à l’image de l’incontournable « Hiatus » (1999), l’esprit des nouvelles technologies et les espaces virtuels abondent dans ses films, il n’y parait aucun trucage. Les retouches sur pellicules sont artisanales, les décors et accessoires entièrement fabriqués par l’artiste, et sa voix accompagne souvent les percussions des bandes-son cacophoniques.
Quelques objets çà et là jonchent le parcours, faisant écho aux jeux d’enfants de « Out of Hand » (1980).
Ses travaux photographiques semblent avoir figé certaines scènes ou personnages de ses films, qui se trouvent comme réanimés par des effets sonores et lumineux.
Des dessins de type « storyboard » sont là, comme pour souligner l’importance du médium cinéma chez l’artiste, ainsi que des accessoires de plateau qui lui ont servi dans certains films.
Assorties d’une esthétique aux couleurs saturées, d’une atmosphère ludique et faussement naïve, les œuvres d’Ericka Beckman nous projettent dans un univers onirique, à la fois familier et difficile à situer , dans lequel la présence et la mémoire du spectateur se trouvent inextricablement mêlées, parfois même bousculées, voire provoquées.
A voir en visite guidée.