Le Grand Palais Paris

du 26 septembre 2012 au 14 janvier 2013

Cette exposition, avec quelques deux cents œuvres issues de la peinture, de la photographie, et du cinéma, nous entraine à travers les siècles et des lieux différents sur un même thème : la bohème.
boheme_1.jpg Elle se divise en deux parties : les bohémiens et les peintres bohèmes.

D'abord au rez de chaussée, dans de longs couloirs, symbolisant la longue route des bohémiens, s'égrènent les tableaux représentants ces gens errants, reconnus de tout temps comme peu recommandables, aux noms multiples (zingarella, tziganes, gipsies, roms,....) qui ont fasciné les artistes et que la bonne société rejetait : « La diseuse de bonne aventure » de Watteau, ou celle de George de La Tour, la très belle tsigane de Courbet, à l'air rêveur, des scènes prise sur le vif comme « tsiganes à l'écoute des prédictions d'une jeune diseuse de bonne aventure » de Diaz de la Pena, « les roulottes » de Van Gogh, « la bohémienne et ses enfants » de Gustave Courbet, mère à l'air harassé, la provocante gitane à la cigarette d'Édouard Manet, le dessin de Manet « le montreur d'ours », ....
boheme_2.jpg « La bohémienne » de Renoir a le charme troublant d'une jeunesse bien en chair, au regard sombre, aux longs cheveux noirs, à la poitrine généreusement décolletée, et à la jupe rayée, signe de son appartenance aux gens du voyage......
Des vagabonds aux faiseurs de spectacles, toute la panoplie des occupations des gens du voyage défile sous nos yeux, vue par ceux qui les représentent et qui font de nous des voyeurs d'un monde à part.
Ce qui est intéressant, c'est que l'on se rend compte, au fur et à mesure de la découverte de l'exposition, que le thème de la Bohème, couvrant plusieurs siècles, est abordé , en fonction de l'époque, de façons différentes, tant sur le plan pictural que sur la manière même de traiter le sujet.
C'est une vraie leçon d'histoire de la peinture, tout en étant aussi une leçon sur le regard que porte le monde européen sur les gens du voyage.

Au premier étage les peintres bohèmes du début du XXème siècle nous sont montrés comme se revendiquant être les bohémiens des temps modernes, vivant pauvrement à Paris dans leur atelier , se retrouvant dans les cafés, pour boire de l'absinthe, ou comme Courbet allant sur les routes, ne voulant s'attacher à rien, rejetant le modèle bourgeois …boheme_3.jpg La scénographie reconstitue les lieux de vie des artistes bohèmes, l'atelier, le poêle à bois, le café, le coin de table et Montmartre. La musique de Carmen la bohémienne est diffusée en fond sonore, des poèmes de Verlaine, de Rimbaud, sont inscrits sur les murs. Une note d'humour apparaît avec les caricatures de Daumier.

Dans les souvenirs inoubliables des peintres bohèmes, me resteront en mémoire le superbe tableau des chaussures de Van Gogh, l'absinthe de Degas, le coin de table d'Henri Fantin-Latour, le moulin de la galette de Signac, les dessins pour les affiches de Toulouse-Lautrec, et en fin, la très belle séries des sombres lithographies de Otto Mueller laissant présager le sort qui sera fait par le régime nazi au peuple tzigane.

Il est toute fois à noter qu'il y a quelque chose qui gêne et dans l'association des deux thèmes de l'exposition dont le rapprochement peut paraître artificiel, et dans la scénographie un peu trop démonstrative des artistes bohèmes.
Bon, si vous faites abstraction de cela, vous passerez un moment agréable à découvrir de belles œuvres exceptionnellement rassemblées et qui proviennent du monde entier.